Natures Mortes
Il y a des corps qui s’étreignent, des corps seuls, exposés, offerts, interrogatifs, des couples et des femmes, quelques hommes aussi, des pommes beaucoup, des fenêtres, un portrait, deux, trois, quelques portes, des caresses, de la langueur, de la séparation aussi. Le doute, un atelier vide-plein, des regards, un œil, la main qui cherche, le voile, un masque direz-vous, un nombril centre du monde, des enfants dans tout cela, et le temps suspendu de quelque nature morte, subtile et douce respiration.
C’est le travail d’un peintre qui fait fi des lois de la couleur, qui aima les matières brutes et le bois, pourtant oublieuse aujourd’hui de la toile et du châssis. La manière d’un sculpteur qui, pour tout support, plonge ses feuilles dans un bain de thé, froisse la soie, puis applique la presse, Le chemin d’une artiste au croisé de la musique et du silence, de l’embarras et des cris. L’aboutissement d’une œuvre façonnée dans un phrasé sourd et dense, habitée.
Les tons y sont profonds, d’ambre et de cuivre, sombres et de feu parfois, ou bien blancs comme insolés par une lumière excessive. Les mots y ont leur place, les corps occupent toute la place, même quand ils ne sont que fruits et pots. L’esprit y cueille ses fulgurances. Les hommes y trouveront leur errance, leurs rêves, leur souffrance. Dialogue de l’imaginaire.
Approchez, goûtez, tâtez, laissez-vous emporter, éloignez-vous puis revenez, murmurez, écoutez. Les monotypes vous livrent leur musique, délicate, raffinée, animée, sans laquelle “tout ne serait que littérature ” …
Marie-Hélène Westphalen